La lutte contre le harcèlement scolaire et l’intimidation entre enfants et jeunes est une préoccupation majeure en matière de santé publique. Dans le canton de Vaud, divers acteurs s’engagent pour mettre un terme à ce phénomène inquiétant.
Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?
Le harcèlement et l’intimidation entre élèves sont des formes de violence répétitive pouvant avoir des conséquences graves sur les victimes. Ces actes peuvent prendre différentes formes :
- Harcèlement sexuel (gestes, propos ou comportements inappropriés)
- Harcèlement psychologique (insultes, moqueries, isolement)
- Harcèlement physique (coups, menaces, vols)
Ils peuvent survenir dans différents contextes : l’école, la famille, la rue et les réseaux sociaux. Ces situations préoccupantes touchent entre 10 et 30 % des enfants et adolescents, mettant en péril leur développement et impactant aussi leur entourage.
Des acteurs mobilisés contre le harcèlement scolaire
Pour lutter contre ce fléau, plusieurs acteurs jouent un rôle essentiel :
- L’État, garant des politiques publiques de prévention
- Les professionnels de santé : pédiatres, pédopsychiatres, psychologues
- Le milieu scolaire : enseignants, médiateurs, services de santé scolaire
- Les familles, premières à détecter les signaux d’alerte
Tous œuvrent ensemble pour prévenir, détecter et prendre en charge la souffrance liée à la violence à l’école. Dans le canton de Vaud, plusieurs initiatives concrètes sont mises en place pour mieux comprendre et enrayer ce phénomène.
Un soutien expert pour lutter contre le harcèlement scolaire
Lors d’une consultation aux urgences pédiatriques, il arrive parfois que l’enfant ou l’adolescent présente des marques de coups. Révélant ainsi une situation de harcèlement. Au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), le Service de pédiatrie dispose d’un organe de protection et de soutien. Le CAN Team (Child Abuse and Neglect Team). Ce dernier intervient spécifiquement dans ces cas.
Le rôle des médecins est de :
- Orienter la famille vers les soins médicaux et sociaux-juridiques appropriés
- Évaluer le contexte du harcèlement et les blessures physiques
- Mesurer l’impact psychologique de l’agression
Le CAN Team collabore avec les écoles selon une procédure établie, afin de garantir une prise en charge cohérente et soutenante pour l’enfant et sa famille. Des recommandations cantonales assurent aujourd’hui une réponse uniforme à tous les jeunes concernés.
Avec le consentement des parents, les cas sont transmis à l’Unité de promotion de la santé et de prévention en milieu scolaire, permettant une vision d’ensemble des établissements touchés.

Le rôle clé des pédiatres
Les pédiatres jouent un rôle crucial dans la détection des signes précurseurs tels que l’absentéisme scolaire, les troubles alimentaires, les troubles du sommeil et l’isolement social chez les enfants et les adolescents. En consultation, il est souvent difficile pour ces jeunes de parler de telles expériences. En particulier en présence de leurs parents.
Face à une situation de violence interpersonnelle, les pédiatres doivent mener une évaluation complète en examinant les marques de coups. Mais aussi en évaluant le climat scolaire, le type de violence subie, la gravité des faits, ainsi que les autres mineurs exposés et les mesures déjà prises.
Une prise en charge adaptée est recommandée. Prenant en compte à la fois les soins médicaux et psychologiques nécessaires, ainsi que les caractéristiques spécifiques de la violence subie. Des mesures de protection sont mises en place pour prévenir de nouvelles violences envers l’enfant.
La question de la communication avec les parents et le milieu scolaire doit également être abordée. Il est essentiel d’encourager l’enfant à avoir confiance en les adultes et à collaborer avec eux. Dans le but de trouver des solutions adéquates visant à mettre fin à la violence.
Le rôle de l’école
Selon les données du CAN Team (2018–2021), sur 105 cas de coups constatés :
- 43,8 % des situations ont eu lieu dans l’enceinte scolaire (classe, cour, escaliers)
- 15,2 % sur le chemin de l’école
- 4,8 % sur les réseaux sociaux
Les établissements mettent en place de multiples actions :
- Prévention des violences interpersonnelles (développement des compétences socio-émotionnelles, amélioration du climat scolaire)
- Détection précoce des cas de harcèlement
- Formation du personnel enseignant à la méthode de préoccupation partagée (MPP), une approche non blâmante qui vise à réduire les représailles
- Entretiens individuels avec les élèves concernés pour briser l’effet de groupe
- Soutien personnalisé pour les victimes via les ressources internes de l’école
Enfin, le dispositif cantonal de prévention coordonne des actions globales de promotion de la santé et de prévention du harcèlement.