Chaque soir, c’est la même histoire : un verre d’eau, un câlin supplémentaire, un “j’ai oublié de te dire”…
Les excuses semblent infinies. Si le coucher s’éternise, ce n’est pas de la mauvaise volonté : c’est souvent le signe que quelque chose se joue dans le corps ou le cœur de l’enfant.
Pourquoi le coucher devient-il difficile ?
Beaucoup de parents imaginent que leur enfant “teste” ou “gagne du temps”. En réalité, un coucher difficile exprime presque toujours un besoin émotionnel, sensoriel ou relationnel. Voici les causes les plus fréquentes :
1. Le besoin de proximité affective
Le soir, l’enfant ressent fortement :
- l’envie d’être rassuré,
- la peur de se séparer,
- le besoin de remplir son réservoir affectif.
Il cherche une dernière connexion avant la nuit. D’ailleurs, les enfants plus sensibles ou introvertis ont parfois encore plus besoin de ce moment pour se réguler.
2. Le cerveau encore immature le soir
Après une longue journée, son cerveau émotionnel est saturé. Les transitions sont difficiles, et l’enfant n’a plus l’énergie pour :
- se calmer seul,
- gérer la frustration,
- supporter un changement d’activité.
C’est le même mécanisme que dans les réactions émotionnelles fortes qu’on observe en fin de journée.
3. La peur de la séparation nocturne
La nuit est longue pour un enfant. Il peut ressentir :
- la peur du noir,
- la peur des bruits,
- la peur d’être seul,
- la peur des cauchemars.
Il ne le dit pas toujours. Il utilise plutôt des excuses indirectes : “Encore un bisou”, “J’ai soif”, “J’ai mal au ventre…”
4. Un rituel de coucher instable ou trop rapide
Le cerveau aime la prévisibilité. Des routines solides aident à diminuer l’anxiété du soir, comme celles décrites dans les routines du matin et du soir — un vrai soutien pour structurer le temps.
5. Une journée trop stimulante
Bruyante, rapide, intense, frustrante… L’enfant arrive au coucher émotionnellement “rempli”. Le soir, la moindre contrariété déclenche :
- agitation,
- demande répétée,
- difficulté à se poser.
6. Un enfant qui n’arrive pas à décharger son émotionnel
Certains enfants ont besoin de bouger, parler, ou évacuer ce qu’ils ont accumulé. Sans ces moments de décharge, le coucher devient un endroit où tout remonte. C’est souvent le cas chez les enfants sensibles, introvertis, anxieux ou fatigués.
Les excuses les plus fréquentes… et ce qu’elles veulent dire
Chaque excuse masque un besoin réel. Voici quelques exemples parlants :
“J’ai soif.”
= besoin de réassurance, de revenir vers le parent
“J’ai mal au ventre.”
= anxiété, appréhension de la nuit
“Encore une histoire.”
= besoin de ralentir, d’intégrer la journée
“Je ne suis pas fatigué.”
= cerveau encore trop stimulé
“Reste avec moi.”
= peur de la séparation
Comment rendre le coucher plus serein ?
Voici des stratégies efficaces, douces et réalistes :
1. Renforcer une routine du soir prévisible
Les enfants s’apaisent lorsque le rituel est :
- stable,
- prévisible,
- toujours dans le même ordre,
- sans précipitation.
Exemples : Bain → pyjama → histoire → câlin → petite discussion → lumière tamisée.
2. Remplir le réservoir affectif avant le coucher
Un moment de connexion avant de commencer la routine fait des miracles :
- 10 minutes de jeu calme,
- un câlin long,
- un moment à deux pour parler de la journée.
Un enfant rassasié affectivement résiste moins au coucher.
3. Préparer le cerveau à “ralentir”
Éviter les écrans, le bruit, les stimulations intenses dans l’heure qui précède le coucher. Préférer :
- musique douce,
- lumière chaude,
- jeux calmes.
L’enfant introverti ou sensible en bénéficie particulièrement.
4. Mettre des mots sur ses peurs
Si le soir est difficile, demander : “Qu’est-ce qui est le plus difficile pour toi la nuit ?” ou “Il y a quelque chose qui t’inquiète ?” Mettre des mots permet d’apaiser et de diminuer les excuses.
Si l’enfant est anxieux ou vit les émotions intensément, les ressources que tu proposes pour mieux comprendre son vécu émotionnel peuvent être d’un vrai soutien.
5. Prévoir des stratégies anti-peur
- veilleuse
- doudou protecteur
- porte entrouverte
- phrases rassurantes
- rituels “anti-monstres”
6. Garder son calme face aux demandes répétées
S’énerver renforce l’anxiété de séparation. Lorsque l’adulte parvient à garder un certain calme, même imparfait, l’enfant s’apaise plus facilement. Mieux comprendre la colère parentale peut d’ailleurs aider à rester disponible dans ces moments-là.
7. Les retours multiples ? Mieux vaut une réponse stable
Si l’enfant revient 5 fois, 10 fois… Répondre toujours de la même façon, calmement, sans rallonger le rituel. La constance = sécurité.
Quand s’inquiéter ?
Consulter si :
- l’enfant met plus de 2 heures à s’endormir régulièrement,
- les peurs deviennent envahissantes,
- les éveils nocturnes sont très fréquents,
- l’enfant montre des signes de grande anxiété.
Un professionnel peut aider à comprendre si le problème est lié :
- à l’anxiété,
- à l’hypersensibilité,
- à un trouble du sommeil,
- à une surcharge émotionnelle.