Un matin qui commence difficilement, un enfant qui traîne, proteste ou déclare qu’il ne veut plus aller à l’école… Ce refus surprend souvent les parents. Pourtant, lorsqu’un enfant dit qu’il n’aime pas l’école, il exprime rarement un simple caprice : il raconte un malaise, une émotion, ou un besoin non entendu.
Pourquoi un enfant peut-il dire qu’il n’aime pas l’école ?
Derrière cette phrase, il y a presque toujours une émotion, un malaise ou un besoin. L’enfant ne sait pas toujours l’exprimer avec précision ; il utilise les mots qu’il a, souvent à travers un rejet global de l’école.
Pour certains, c’est la peur d’un changement, l’angoisse de se séparer, ou une fatigue émotionnelle accumulée. Pour d’autres, l’école peut être bruyante, imprévisible, trop stimulante. Les enfants introvertis ou plus sensibles au bruit reviennent parfois vidés de leur journée, tant l’environnement demande d’adaptations constantes.
Chez d’autres encore, le malaise prend racine dans les relations avec les camarades : difficultés à s’intégrer, sentiment de solitude, incompréhensions, petites blessures du quotidien. Un enfant ne dira pas forcément “personne ne veut jouer avec moi”, mais plutôt “je n’aime pas l’école”, car cela lui semble plus simple à formuler.
Et puis il y a ceux qui vivent l’école comme une source de pression. Ils veulent bien faire, craignent de se tromper ou de décevoir. Leur charge mentale devient lourde, surtout lorsqu’ils ont un tempérament perfectionniste.
Enfin, pour certains enfants, une anxiété plus profonde s’installe : peur de l’erreur, peur de la séparation, appréhension de certaines situations. L’émotion prend toute la place et se traduit par un refus global, souvent lié au vécu émotionnel de l’enfant.
Comment comprendre ce qui se cache derrière son refus ?
La première étape consiste à observer. Les comportements du matin donnent souvent des indications précieuses : maux de ventre récurrents, pleurs soudains, agitation lorsque vient l’heure de partir, silence inhabituel… Le corps dit parfois ce que l’enfant n’arrive pas encore à verbaliser.
Le soir aussi, certains signes méritent attention. L’enfant peut rentrer tendu, irritable ou au contraire très silencieux. Parfois, il raconte seulement de petits fragments de sa journée :
- un jeu qui s’est mal passé,
- un bruit trop fort,
- une remarque mal vécue,
- un devoir difficile.
Ces détails, même minimes, sont les pièces d’un puzzle émotionnel.
Observer la manière dont il vit ses relations sociales est tout aussi important. Semble-t-il serein lorsqu’il évoque sa journée ? Revient-il avec le sourire ? Ou répète-t-il souvent qu’il est seul, que les autres ne veulent pas jouer avec lui, qu’il se sent “à part” ou “bizarre” ?
Chez certains enfants, le refus de l’école s’installe progressivement. Chez d’autres, il apparaît brutalement, parfois à la suite d’un événement passé inaperçu pour les adultes. Dans tous les cas, l’essentiel est de ne pas minimiser ce qu’il ressent : son malaise mérite d’être entendu.
Et si le refus d’aller à l’école cachait une situation de harcèlement ?
Après avoir observé les relations sociales de l’enfant, il est essentiel d’envisager une autre possibilité : celle d’un début de harcèlement ou de moqueries répétées. Les enfants parlent rarement de ces situations de manière directe. Ils ne disent presque jamais “on se moque de moi”. Ils préfèrent des phrases plus floues comme “je n’aime pas l’école” ou “je ne veux plus y aller”, qui traduisent un malaise difficile à exprimer.
Le harcèlement peut prendre différentes formes : remarques blessantes, jeux humiliants, exclusions subtiles, intimidations. Pour un enfant, ces expériences restent souvent silencieuses mais bouleversent profondément son sentiment de sécurité.
Certains signes doivent alerter :
- un changement brusque dans son rapport à l’école,
- des maux de ventre récurrents le matin,
- des pleurs plus fréquents,
- une irritabilité inhabituelle après la classe,
- un repli ou un silence lorsqu’on lui demande comment s’est passée la journée.
Dès que ces signaux apparaissent, il est important d’en parler avec l’enfant en douceur, puis avec l’école si nécessaire.
Comment accompagner un enfant qui n’aime pas l’école ?
L’enfant a besoin de sentir que ce qu’il vit existe pour nous, que son émotion a de la valeur et qu’on ne cherche pas à la balayer trop vite. Un simple “je te crois” a parfois plus d’effet qu’un long discours.
Engager la discussion doucement permet souvent de faire émerger des éléments clés. Les enfants parlent rarement d’un bloc ; ils livrent des petits morceaux. Une question ouverte peut aider :
“Qu’est-ce qui est le moins agréable pour toi en ce moment ?” ou “Y a-t-il un moment de la journée que tu n’aimes pas trop ?”
En parallèle, l’enfant a besoin d’un espace de récupération émotionnelle à la maison. L’école demande beaucoup d’énergie intérieure : interactions sociales, bruit, consignes, transitions constantes. Les routines du soir — comme celles que tu as déjà développées pour apaiser les soirées — offrent un cadre rassurant pour se poser et se recharger.
Il est également utile de nourrir la confiance en soi. Ce n’est pas seulement une question de réussite scolaire, mais de sentiment de compétence. Mettre en avant les efforts plus que les résultats, valoriser la progression plutôt que la performance, contribue à alléger la pression que certains enfants portent.
Enfin, un échange avec l’enseignant peut éclairer bien des zones d’ombre : dynamique du groupe, difficultés d’intégration, fatigue, ou moments spécifiques qui semblent perturber l’enfant. Parfois, de petites adaptations suffisent à rendre l’école plus vivable : un changement de place, un temps calme, un repère visuel, une consigne adaptée, ou des pauses sensorielles.
Quand s’inquiéter ?
Il est normal qu’un enfant traverse une période où il “n’aime pas l’école”. Cela arrive lors de transitions, après un événement difficile, ou simplement dans les phases de développement émotionnel.
En revanche, si le refus devient constant, s’accompagne d’une grande anxiété, de pleurs quotidiens, de troubles physiques répétés ou d’un repli profond, il peut être utile de consulter. L’objectif n’est pas d’étiqueter, mais de comprendre ce que vit l’enfant pour lui offrir un soutien adapté.