Certains enfants détournent la tête, s’agrippent au parent ou se mettent à pleurer dès qu’une autre personne tente de les prendre dans les bras. Ce comportement peut surprendre l’entourage, mais il est très fréquent, surtout entre 8 mois et 3 ans.
Un besoin intense de sécurité
Pour un jeune enfant, les bras du parent sont la base de sécurité absolue. C’est l’endroit où il se sent compétent, protégé, capable d’explorer le monde. Aller dans les bras d’une autre personne signifie quitter temporairement cette zone sûre, ce qui demande un niveau de confiance qu’il n’a pas encore toujours construit.
Ce besoin de proximité est particulièrement marqué lors des périodes sensibles où l’anxiété augmente, comme le soir par exemple.
L’angoisse du 8e mois : un classique du développement
Vers 6–10 mois apparaît l’angoisse de séparation. L’enfant distingue enfin les visages familiers des inconnus et manifeste une préférence forte pour ses figures d’attachement.
Il peut alors :
- se blottir contre le parent,
- refuser les bras d’un proche pourtant connu,
- pleurer lorsqu’on s’éloigne quelques secondes.
Ce n’est pas un manque de sociabilité : c’est un signe de bon développement cognitif.
Le tempérament : un facteur majeur
Tous les enfants ne réagissent pas de la même façon. Certains foncent vers les autres ; d’autres observent longuement avant de s’approcher.
Les enfants sensibles, prudents ou introvertis ont souvent besoin de plus de temps pour accepter un contact physique avec une autre personne. Leur fonctionnement ressemble à celui des enfants très réactifs ou hypersensibles.
Pour eux, aller dans les bras d’un tiers représente une stimulation forte : nouvelle odeur, nouvelle voix, nouvelle énergie corporelle.
Un signe de surcharge émotionnelle ?
Si l’enfant traverse une période de fatigue, de maladie, de changement (crèche, déménagement, naissance d’un frère ou d’une sœur), il peut devenir plus sélectif et rechercher davantage la présence du parent.
Face à un environnement stimulant ou à un rythme familial tendu, il se replie sur ce qui lui fait du bien. C’est un mécanisme d’auto-protection, comme on l’observe fréquemment lorsque les parents eux-mêmes vivent une surcharge.
Faut-il l’encourager, insister ou laisser faire ?
L’enfant n’a pas encore la maturité pour gérer un contact non désiré.
Le forcer à aller dans les bras d’un proche peut entraîner :
- perte de confiance,
- montée d’anxiété,
- sentiment d’intrusion corporelle,
- réactions de rejet encore plus fortes.
L’idéal est de laisser l’enfant s’approcher à son rythme. Un petit signe de la main, un sourire, un jeu d’imitation permettent une rencontre progressive, sans contact imposé.
Comment l’aider à se sentir plus à l’aise ?
Plutôt que de forcer la situation, on crée un environnement sécurisant :
- Garder l’enfant dans vos bras le temps qu’il observe.
- Laisser le proche interagir sans toucher.
- Proposer un objet familier (doudou, tétine, petit jouet).
- Laisser l’enfant initier lui-même le contact.
- Prévenir les proches : “Il a besoin d’un peu de temps, il vous observera d’abord.”
Cette approche respecte ce que l’enfant ressent et renforce sa confiance en lui et en l’autre.
Quand s’inquiéter ?
Le refus des bras est normal dans la petite enfance.
Il devient préoccupant seulement si :
- l’enfant évite tout contact physique durablement,
- il ne cherche jamais le réconfort du parent,
- il se montre extrêmement figé ou craintif,
- il ne manifeste aucun intérêt pour les autres.
Dans ces situations, une consultation peut aider à comprendre ce qui se joue, toujours avec douceur et sans précipitation.