Beaucoup d’enfants se relèvent plusieurs fois après le coucher. Ils réclament un verre d’eau, un dernier câlin ou inventent mille raisons pour retarder la séparation. Ce comportement, souvent épuisant pour les parents, révèle surtout un besoin émotionnel encore très présent au moment de s’endormir.
Pourquoi le moment du coucher est-il si compliqué ?
Le soir, tout s’accumule : fatigue, tensions de la journée, émotions non exprimées. Le cerveau de l’enfant encore immature, a plus de mal à réguler ces ressentis.
Lorsque l’enfant se retrouve dans le noir ou seul dans sa chambre, ces sensations remontent plus facilement à la surface. Se relever devient alors un moyen de chercher un repère rassurant.
Une séparation qui se rejoue chaque soir
Le coucher est la dernière séparation de la journée. Même lorsqu’il est épuisé, l’enfant n’est pas toujours prêt émotionnellement à se séparer de son parent.
Se relever peut donc signifier :
- “J’ai encore besoin de toi.”
- “Je n’arrive pas à descendre la pression de la journée.”
- “Je veux retarder le moment où je me retrouve seul.”
Chez certains enfants, cette sensibilité est encore plus visible lorsque la journée a été chargée en émotions ou en stimulations.
Et si c’était de l’anxiété du soir ?
La tombée de la nuit favorise les pensées inquiétantes : peur du noir, peur d’être seul, peur qu’il arrive quelque chose, peur d’avoir mal au ventre, etc.
Ces peurs apparaissent souvent entre 3 et 8 ans et sont très courantes. Elles s’expliquent en partie par l’imagination débordante et le manque de maturité émotionnelle.
Quand l’enfant “teste”… mais pas pour manipuler
On croit parfois que l’enfant “teste les limites”. En réalité, il teste surtout sa sécurité relationnelle :
- Est-ce que je peux encore compter sur toi ?
- Es-tu disponible pour moi même si je ne me sens pas très bien ?
- Est-ce que tu restes calme quand je suis débordé ?
Il ne cherche pas à manipuler. Il cherche à savoir s’il peut s’apaiser auprès de toi.
La surcharge émotionnelle : un facteur amplificateur
Quand l’enfant a eu une journée difficile, qu’il a retenu beaucoup d’émotions ou que le climat familial est tendu, le soir devient un terrain propice aux débordements. Les parents eux-mêmes peuvent être épuisés, ce qui intensifie ces moments. Dans ce cas, se relever est un moyen de “décharger” un trop-plein émotionnel.
Comment apaiser un enfant qui se relève sans cesse ?
Plutôt que de multiplier les consignes, l’objectif est de sécuriser, anticiper et rendre le coucher prévisible.
1. Adoucir la transition
Un enfant ne s’endort pas “sur commande”. Rituels doux + ambiance calme + lenteur = système nerveux apaisé.
2. Accueillir la dernière émotion du jour
Parfois, il suffit d’une phrase : “Tu avais encore besoin d’un peu de moi, on fait un dernier câlin et tu vas pouvoir te reposer.”
3. Prévoir un “rituel tampon”
Une petite phrase répétée chaque soir sécurise l’enfant. Exemple : “Je suis juste à côté, tu es en sécurité.”
4. Clarifier ce qui est possible et ce qui ne l’est pas
Un cadre doux mais ferme rassure :
- oui pour un dernier câlin,
- non pour ressortir trois fois jouer dans le salon.
5. Proposer une solution d’attente
Une lampe, un doudou “gardien”, une playlist calmante, un spray “doudou magique”…
6. Observer ce qui déclenche les soirs difficiles
Changement d’école, disputes, surstimulation, manque de sommeil… Le soir est souvent un révélateur.
7. Rester constant sans s’épuiser
Une attitude calme et répétée vaut mieux qu’une lutte de pouvoir inutile.